Le blog de Sup’management Sénégal

Sup’management Sénégal-Le blog
cofee2

Sup’management SénégaL: Ecole de Management,d’Ingénierie et d’Informatique, Diplomes Cames,BTS,Licence,Master,Doctorat.

 

 

Ce blog est un cadre d’èchanges et de discussions sur tous les sujets liés à l’èducation et l’enseignement supérieur en gènèral. Nous essayerons simplement de rester courtois et constructifs dans nos propos.

Vous êtes tous invitès à alimenter la réflexion.

Merci.

 

                              L’Afrique et les Sciences et Techniques : le prix de l’ignorance

Professeur Abdou SENE

                                                                                                                                                            Mars 2017

Un bref clin d’oeil à la préhistoire, précisément à l’âge de la pierre polie, qui coïncide avec la naissance

de l’agriculture, permet d’établir la centralité, je dirais même le caractère sacré des sciences

et techniques dans l’humanisation de l’être animal qu’est l’homme, mais aussi et surtout leur place

dans la création des moyens de subsistance et de développement économique, social et culturel de

nos pays.

En effet, il y a environ 10 000 ans, l’Homme ne produisait presque pas et vivait essentiellement de

cueillette, de chasse et de pêche. Ce qui amenait toute une famille à marcher du matin au soir à la

recherche de sa pitance ; cette contrainte laissant peu de temps pour la réflexion.

Vinrent alors les balbutiements des sciences agronomiques qui ont permis à nos ancêtres de planter,

récolter et stocker d’une part, et, d’autre part, de domestiquer leurs cousins animaux moins dotés en

matière grise.

L’Homme a ainsi trouvé le temps de chanter, danser, et développer son patrimoine artistique ; de

développer sa spiritualité ; et surtout d’alimenter son patrimoine scientifique. C’est ce processus déclenché

il y a plus de 10 millénaires, par l’acquisition d’une science par l’Homme, qui a traversé

deux révolutions industrielles et qui est arrivé aujourd’hui à l’ère du numérique considéré par le

spécialiste en prospective économique et scientifique, Jeremy Rifkin comme La troisième révolution

industrielle.

L’histoire contemporaine montre qu’un pays qui ne fait pas de la promotion des sciences une priorité

ne peut prétendre à la réalité de l’indépendance. Autant Cheikh Anta Diop a beaucoup oeuvré

pour la conscience historique africaine dans le sens d’armer psychologiquement les Africains, autant

il faudrait aborder les aspects moins reluisants mais instructifs de cette conscience historique.

Si l’exploitation de l’Afrique par l’Occident a été rendue possible, à travers l’esclavage et la colonisation,

c’est à cause du fossé qui séparait ces deux régions du monde en matière de sciences et techniques.

Cet apport de la science et de la technologie dans la conquête de l’Afrique a été bien exprimé par le

Général Faidherbe qui, expliquant dans ses mémoires publiés en 1889, les nombreuses victoires

d’une armée française relativement réduite en effectif, devant des foules de guerriers africains, disait

ceci : … c’était l’énorme supériorité des armes qui rendait possibles de pareils exploits ; entre

nos fusils à tir rapide et à portée considérable et les fusils à pierre dont se servent les Africains il y

a autant de différence qu’entre les mousquets du 16ième siècle et les lances et flèches qu’on leur opposait.

Ce fossé existe toujours et explique, en partie, la prééminence de l’Occident sur l’Afrique. Cette

prééminence, pour ne pas dire domination, même si elle se présente sous un aspect plus insidieux,

sous le couvert d’un partenariat économique, n’en est pas moins pernicieuse.

Un malheureux fait qui illustre cela, de façon éloquente, a été révélé par le scandale qui a secoué le

groupe pétrolier français ELF dans les années 90. En effet, toutes les parties prenantes de l’exploitation

du pétrole congolais par ELF avaient reconnu que l’Etat congolais n’était pas outillé scientifiquement

et techniquement pour vérifier les quantités et la qualité du pétrole extrait du sous-sol du

pays. Même les plus hautes autorités congolaises d’alors avaient fait cet aveu d’impuissance. Et les

Responsables de ELF n’ont pas manqué d’en tirer profit en sous évaluant quantités et qualité.

D’ailleurs, de hauts cadres de la multinationale française, dont un ancien PDG, ont finalement reconnu

le manque d’éthique et d’équité dans leur exploitation du pétrole congolais.

Les deux exemples que je viens de citer illustrent à suffisance que si nous n’avons pas une pleine

conscience de l’impérieuse nécessité de promouvoir les sciences et techniques par l’éducation, la

formation et la recherche, les mots développement et indépendance doivent être rayés de notre vocabulaire.

Du Continent, je veux dire.

Le Président Senghor, bien qu’étant homme de lettres, l’avait si bien compris que cela transparait

dans la loi d’orientation pour l’éducation au Sénégal de 1971. D’ailleurs, dans une interview accordée

à Roland Collin en 1974, Senghor affichait l’objectif de voir, dans les cinq ans, les effectifs des

classes de terminale littéraire réduits à seulement 20%. Et, aujourd’hui, il est heureux de constater

que l’Etat du Sénégal, à la suite des concertations nationales autour de l’éducation et la formation de

2013 et 2015, a donné une forte orientation du système éducatif vers les STEM (Sciences, Techniques,

Ingénieurie et Mathématiques).

Il est temps que les pays africains s’engagent résolument à relever le défi de la promotion des STEM,

puisque nous en avons les ressources. D’autant plus que notre Continent regorge d’atouts majeurs

que bien des régions du monde lui envient. Nous pouvons en citer 4 essentiels : son patrimoine

culturel et spirituel, sa diaspora, la jeunesse de sa population, et ses ressources naturelles.

D’ailleurs, selon le rapport 2013 sur le développement économique de l’Afrique, de la Commission

économique pour l’Afrique des Nations Unies, notre Continent possède, entre autres, environ 12 %

des réserves mondiales de pétrole, 42 % des réserves d’or, plus 80% des réserves de métaux du

groupe du chrome et du platine, 60 % des terres arables.

Pourquoi donc l’Afrique reste-t-elle le continent le moins industrialisé du monde ? Ce malheureux

hiatus est, en grande partie, dû au retard accusé par l’Afrique dans le développement des ressources

humaines en sciences et techniques.

Nous pouvons et nous devons travailler à inverser cette tendance, puisque rien qu’en nous appuyant

sur nos ressources internes, notre diaspora, et la jeunesse de notre population, nous détenons les piliers

de la formation d’un capital humain de haute qualité dans les STEM, au service du développement.

Avec une population dont 70% a moins de 30 ans, et 41% a moins de 15 ans, l’Afrique doit, plus

que toute autre région du monde, définir une vision claire du développement de ses ressources humaines,

avant que l’atout jeunesse ne se transforme en péril social.

Dans cette optique, il importe de noter que, estimée à plus de 30 millions de citoyens par la Banque

Mondiale, la diaspora africaine comporte une importante source d’expertises dans les différents domaines

de la science et de la technologie de pointe. Dans les plus grandes universités, dans les plus

grands laboratoires de recherche, dans les industries de haute technologie du monde développé, on

trouve des cadres africains qui tiennent le haut du pavé.

Par contre, de nos jours, le sens de la responsabilité voudrait qu’on ne s’engage pas dans la promotion

des sciences et techniques sans évoquer la dialectique science et éthique.

En effet, avec les progrès du savoir scientifique et technique, particulièrement dans les domaines de

la bionique, de la génomique, de la robotique, et des TIC, l’Homme intervient sur les conditions de

production et de reproduction de son propre corps et de l’environnement naturel, accélère le traitement

et la circulation de l’information, transformant ainsi les frontières de l’humanité. Le transhumanisme

est en marche.

Les peuples africains étant essentiellement religieux, et adeptes des religions traditionnelles ou révélées,

l’Afrique devrait puiser dans les préceptes cardinaux que partagent ces dernières pour former

concomitamment ses enfants à la science et à la conscience. Nous ne devons pas céder au vent

de l’intégrisme laïc qui voudrait que la religion soit définitivement bannie de l’espace public et politique.

L’Animisme, le Christianisme et l’Islam, pour ne citer que les religions prédominantes en

Afrique, partagent des vertus qui devraient être exploitées pour accompagner la promotion des

sciences et techniques en Afrique. En outre, au delà des politiques scientifiques et technologiques,

l’implication du spirituel permettrait de mettre un terme à la pratique de la petite politique par nos

gouvernants.

Je voudrais, enfin, insister sur le fait que l’Afrique, du point de vue des ressources naturelles, de la

démographie, et des valeurs culturelles et spirituelles est particulièrement bien dotée. De plus, à

l’échelle des pays, nous pouvons constater que l’élaboration de plans stratégiques de développement

transcendant les régimes en place est dans l’air du temps. Ce qui est une très bonne dynamique

à saluer et à encourager. Cependant, une fondation devrait être construite par l’Union africaine pour

sous-tendre cette tendance. Il s’agit de l’élaboration d’une doctrine du développement fondée sur les

atouts matériels et métaphysiques que j’ai cités plus haut. C’est seulement dans ce cadre que nous

pourrons mettre en cohérence de manière efficiente et durable les politiques publiques qui

concourent à la promotion de la Science, la Technologie et l’Innovation (STI), au service de l’économie

du savoir et du développement économique, social et culturel de notre continent. Cependant,

ne soyons pas naïfs, la promotion des STI est intrinsèquement lié au développement économique ;

or, l’économie mondiale a toujours été un champ de bataille.

Chers concitoyens Africains, de Los Angeles à Tokyo, l’Afrique n’a que des « amis », mais doit rester

lucide en accordant à l’Intelligence Economique la place qu’elle occupe dans toutes les régions

développées de la planète. L’Afrique doit s’octroyer une certaine souveraineté dans le domaine de

l’Intelligence Economique ; c’est seulement à ce prix qu’elle peut espérer rester vigoureuse dans les

joutes économiques mondiales. Retroussons nous les manches. Ca ne sera pas facile, nos « amis »

ne nous feront pas de cadeaux !

Sup’management Sénégal-Le blog / Sup’management Sénégal-Le blog

Sup’management Sénégal-Le blog / Sup’management Sénégal-Le blog

 

Professeur El Hadji SALL, Université du Sahel

27 mars 2017 : 17 :12

Excellent article, pour ainsi dire. Le fait d’intéresser les jeunes africains ne dépend que de la volonté politique de nous dirigeants. Quand le Président de la République s’est rendu compte qu’un pays comme le Sénégal ne pouvait pas s’offrir le luxe de former des élèves jusqu’à leur obtention du baccalauréat et les laisser autour d’une tasse de thé à longueur de journée. Il a pris la décision de les orienter tous. La mise en place de cette politique ne s’est pas fait attendre. Depuis 2013, tous les bacheliers sénégalais qui le veulent sont orientés par l’État, du coup la formation a pris une autre allure. Les écoles de formation, surtout privées se formalisent et se développent. Le public pour ne pas rester en rade, voyant que son monopole est cassé, a commencé à remplir les contrats de performance et à changer de paradigme.

Pour inciter les jeunes sénégalais à s’orienter vers les Stems, il suffirait simplement que la même autorité dise ceci. Les séries de Baccalauréat seront supprimées. Tous les étudiants qui sont en classe de troisième seront orientés en seconde. Dans trois ans un seul baccalauréat ou les dominantes seront les sciences, mais aussi les lettres et humanités sera organisé. Les bacheliers qui auront donc tous appris la même chose pourront s’orienter dans une filière de leur choix. L’accompagnent de cette volonté politique consistera à dire aussi que 90% de ces bacheliers devront s’orienter dans les stems.

Avant l’horizon 2035, nous allons avoir suffisamment d’ingénieurs, de scientifiques pour ne pas faire comme les congolais avec ELF, car nous sommes potentiellement un pays de pétrole et de minerais. Je pense que le syndrome congolais a même commencé à nous hanter. Nous ne savons rien de ce qu’on fait de notre gaz qui est en train d’être exploité, de notre pétrole, de notre or, de notre

Zircon et de notre phosphate etc. Ce n’est point un problème de transparence, mais plutôt un problème d’ignorance. C’est simplement parce que nous ne savons pas. Nous ignorons à quoi servent ces métaux précieux, nous ne savons pas à quoi sert le pétrole, nous savons pas à quoi sert notre or et notre zircon. Pour nous les pétrole c’est pour avoir de l’essence pour nos voiture, ignorant, du coup, les milliers de produits dérivés du pétrole. Pour nous l’or ne sert qu’à faire des parures ou à être déposé en banque. Nous ne savons pas que nos ordinateurs, nos téléphones portables et tout ce qui commute, et tout commute, n’auraient pas existés sans ce métal précieux.

Évidemment, comme vous l’avez si bien dit, si le numérique n’est pas maitrisé, s’il n’est pas bien utilisé comme accélérateurs de nos taches réplétives, mais aussi comme prolongement de nos capacités de réflexions, en somme un dispositif, qui augmente nos capacités, nous n’aurons toujours pas, comme nos ancêtres de la pierre polie, la possibilité de prendre un recul sur nous-mêmes et nos activités, à faire une introspection pour mieux réfléchir, créer et innover. Ceux qui développent les supercalculateurs, qui lancent les fusés ne se posent jamais la question d’un repas qui tarde à venir.

Les 30 millions de la diaspora que vous mentionnez ne servent rien à l’Afrique et au Sénégal en particulier, mais servent plutôt les sociétés occidentales qui les emploient. Ce n’est pas parce qu’ils ne le veulent pas, c’est simplement parce qu’ils n’en sont pas autorisés. Ils n’ont pas liberté de le faire.

Par contre, ce que nous pouvons tirer de leur réussite, c’est d’avoir la claire conscience que la compréhension, la maitrise de la science et de la technologie n’est pas l’apanage d’une couleur, d’une race ou d’un pays. Sans le syriens Steve Job, Apple n’aurait certainement pas existé. Si le savoir était lié à la couleur de peau, Moubarak Hussein ne serait pas Président de la première puissance mondiale pendant deux mandants, et pourrait, comme Theodore Roosevelt, avoir un troisième mandant si le XXIIe amendement n’existait. « Nañu geum suñu boop té fagaru ».

Maitriser les sciences, les techniques est une chose, s’en servir demande un environnement, un substrat. La mathématique ne se limite pas simplement à des démonstrations de théorèmes, elle sert aussi à modéliser des outils et des process utilisables dans les monde du travail. Il ne s’agit pas de pouvoir convertir un nombre hexadécimal en binaire, il faut utiliser le binaire pour concevoir et fabriquer les machines numériques.

Les chinois et les coréens qui étaient au même niveau de développement que nous au début des indépendances sont en train de nous assister. Ils sont leaders mondiaux dans le domaine des sciences et des technologies, loin devant les occidentaux.

Vous avez subtilement mis « amis » entre guillemets, pour en fait dire le contraire. Les Etats n’ont pas d’amis. Se rendant compte que vous ne pouvez pas suivre, ils vous exploitent sans état d’âme. Le potentiel minier du Mali, l’uranium de Arlit au Niger et des pays limitrophes ne pourrait jamais plus profiter à la France si les opérations Serval, Épervier ou Barkane n’étaient pas déployées. On vous aide pour chasser les djihadistes tout en nous aidant pour que l’uranium que vous avez dans votre sous-sol en quantité abondante, continue à alimenter nos centrales nucléaires pour éclairer nos villes, pour augmenter notre sécurité, pour alimenter les paillasses de nos laboratoires, pour congeler nos aliments, etc. « Kou eumb sa sankal eumb sa soutora ».

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme (Rabelais). Il nous faut une conscience et une éthique. Cette éthique nous l’avons, elle est culturelle chez nous, elle fait partie de nos valeurs, même si, par endroit, nous observons des effets de contagion. C’est un plus que nous devons préserver. Nos mosquées sont remplies les vendredis, nos églises, les dimanches. Cela est proportionnel à nos croyances, car nous savons que chacun aura son tour chez le coiffeur. Mais travaillons pour développer notre pays et notre cher continent comme si nous n’allons jamais nous raser et compensons cela avec notre croyance comme si le coiffeur était à nos portes.

Sup’management Sénégal-Le blog /Sup’management Sénégal-Le blog

Sup’management Sénégal-Le blog /Sup’management Sénégal-Le blog

Sup’management Sénégal-Le blog / Sup’management Sénégal-Le blog Sup’management Sénégal-Le blog / Sup’management Sénégal-Le blog

 

 



Les commentaires sont fermés.